La vérité des fous

Comment ça va ? Ça va. Normal, ça va. Mais si ça va pourquoi je suis là.

Le regard plein de vide. La télévision. Les cachets qui irradient dans la tête. La chair à vif, les émotions qui débordent. Ça secoue, mais ça s’équilibre. Crises et liens. Vérité des fous, délire des dingues, mensonges de l’inadaptation. Le dehors, l’autre, un impossible. La pluie, la caméra. Du sensible, posé sur du sensible, et recouvert de sensible.

Ne rien nettoyer, montrer le dedans et la façade. Il « écoute la musique qu’il a dans la tête ». Il « ne pouvait plus reconnaître les visages ». Elle vomit, elle ne peut pas parler. Contre la saleté. Le monde est sale. S’échapper. Exprimer. Mais comment fait-on, ça déborde, ou c’est figé, ou ça s’évapore. Fumée. La fumée des clopes. Un moyen de « tuer la mort » ? Mettre à distance la peur, le néant, s’accrocher à un geste. Un reste de geste comme les autres. Tenter de faire groupe malgré les cris et les trajectoires hirsutes. Des fous liés.

C’est comme dehors, mais avec un peu moins de vernis, un peu trop d’excès d’être. Vrai, faux. Décalé. Ça parle, ça parle, ça échange mais ça ne dit pas. Ça dégueule, ça esquive, ça suinte. Le monde est sale. Comment rejoindre cette pureté, l’ultime de sa trajectoire ? Par où ça rentre ? Par où ça sort ? Ça c’est devant. Ça se questionne. Mais au fond c’est calme. Il n’y a que la chair et ses angoisses communes. Rien de spécial. Peu importe qui mourra le premier. Au fond c’est calme. Comme dehors.

Kliniken, le 3 février 2022, Théâtre de la Cité – Toulouse.

Texte : Lars Norén

Mise en scène : Julie Duclos